… mais je suis le genre de personne à se remettre très souvent en question, pour tout, pour rien. Lorsque des imprévus surviennent, j’ai facilement le réflexe de me retourner vers moi, avec en trame de fond un sentiment de culpabilité : est-ce que j’aurais dû m’y prendre autrement pour éviter ceci? c’est sûrement de ma faute…alors que fais-je? comment vais-je m’y prendre pour contourner l’obstacle et continuer comme si de rien n’était? Et j’en passe… Souvent, ça fonctionne, notamment quand il s’agit de changer de stratégie ou simplement de revoir un échéancier.
Mais parfois, l’obstacle est de nature plus bouleversante humainement : mon père qui souffre tant qu’il ne peut plus marcher, lui qui pourtant était si en forme à l’aube de ses 80 ans; un ami que ne donne plus de nouvelles et que je cherche à joindre sans y parvenir; une panne de désir sexuel qui s’éternise; la redéfinition de mon poste au travail qui me fait remettre en question mon identité professionnelle.
Ce ne sont que des exemples, mais au fond, la vie, notre vie, est jalonnée de moments limites qui nous forcent à vivre des remises en question de nature plus complexe, plus profonde qu’à l’ordinaire. Jusqu’à questionner nos valeurs, celles qui nous avaient permis jusqu’à maintenant de tenir le coup sans trop de problèmes dans la tourmente ordinaire. Parfois, ces valeurs, qui alimentent notre capacité d’adaptation, ne peuvent suffire : il y a des moments où ça se corse… On a beau faire, on tourne en rond dans notre questionnement. Face à l’incompréhensible hasard qui détruit soudainement un projet auquel on tenait, face aux pertes, face au deuil … Face à la finitude.
Le mot en F
Eh! oui, le gros mot est dit! Nous sommes tous finis! Rien ni personne en ce monde ne peut échapper… à la mort, aux petites et aux grandes morts qui nous sont imposées tout au long de notre chemin d’humanité.
Néanmoins, la bonne nouvelle, c’est l’ouverture. Je vois la finitude comme une porte à ouvrir courageusement pour sortir de son confort habituel. La psychagogie en tant que chemin vers soi est une ouverture vers un sens à la finitude qui n’est pas qu’une remise en question qui nous fait tourner en rond. C’est plutôt un appel à la plénitude, à vivre pleinement et en permanence d’autres valeurs qui demeurent en soi, malgré que tout soit fini.