L’imaginaire systémique

L’imaginaire systémique

Concilier en nous la part d’imaginaire conquérant et la part d’imaginaire fusionnant

Je trouve un bel exemple d’équilibre systémique de la pensée dans un texte publié par le journal Le Devoir du samedi 28 septembre 2024, en page B 9, « La diplomatie du caribou : Il faut repenser l’être humain en tant que partie intégrante de la nature », propose Baptiste Morizot. L’auteur est Alexandre Klein, professeur de philosophie au cégep André-Laurendeau.

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(Photo : Lori de Pixabay . )

La phrase du sous-titre nous met sur la piste de réflexion du philosophe Morizot, un intellectuel dans la jeune quarantaine. Au lieu de rapporter le combat bestial « entre chiens et loups » comme le veut l’expression traditionnelle, ce philosophe confronte plutôt l’humain aux loups, tandis que l’auteur de l’article du Devoir remplace les loups par le caribou… C’est plus d’actualité au Québec. Mais c’est toujours la même question de fond qui est posée : les contraires ont-ils droit d’exister ou faut-il favoriser l’extermination de l’autre par l’un, ou du moins sa domination?

La réponse est ici radicalement différente : l’un et l’autre doivent exister et trouver une voie de coexistence. Pourquoi? Parce que le vivant est systémique. Si le loup mange tous les moutons, le berger perdra son mode de subsistance. Si le berger éradique les loups, un déséquilibre surviendra dans les espèces dont se nourrit ce prédateur. Donc, nous apprend Morizot, il faut diplomatiquement « cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant » (titre de son livre aux Éditions Wildproject, 2016). Cet autre registre auquel il fait appel est l’empathie à l’égard des autres vivants, qui forment un tout dont il faut maintenir un équilibre jamais fixé pour de bon.

Ainsi en est-il du système qui agit à l’intérieur de chaque humain et sur lequel nous devons apprendre à moduler notre paix de l’esprit. Si notre existence est trop axée sur la conquête, la force, la domination même, ou bien plus simplement le contrôle et l’efficacité de tout ce qui nous concerne et nous entoure, un phénomène d’usure nous guette, sinon nous dévore déjà. Si, au contraire, nous nous démobilisons en nous recroquevillant dans une quiétude quasi aveugle ou une indifférence béate face aux aléas de la vie, la nôtre ou celle des autres, un loup inattendu (quelle qu’en soit la forme) viendra ravager notre bergerie pendant le sommeil du berger. L’une et l’autre attitude, trop campée d’un seul côté de la vie, comportent sa fatalité.

L’article cité plus haut indique une voie d’équilibre pour résoudre le dilemme écologique actuel, soit « réconcilier les usages humains de la planète avec les usages des autres espèces ». Dans le dilemme « écologique » porté par chaque humain face à sa vie intérieure, le même dynamisme vital s’y exerce et demande – commande même – à être pacifié. Dans l’approche de la Psychagogie des valeurs, cette pacification, qui est en fait une plénitude en soi, porte le nom d’imaginaire systémique. Cet état intérieur concilie en nous la part d’imaginaire conquérant (qualifié de diurne) avec cette autre part de nous-mêmes qu’est l’imaginaire fusionnant (qualifié de nocturne).

C’est la paix, ou l’apaisement, que je souhaite à toute personne qui se met en route pour cheminer vers soi par la voie de la Psychagogie des valeurs!

One Response to “

L’imaginaire systémique

  • Wow! Bel article qui porte à réflexion. Les extrêmes nous mènent vers le déséquilibre.

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